Comédie, webs séries et digital learning

Comédie, Webs séries, Digital learning, eSkills

Par Jean-Rémi Fraysse

Concepteur de formations chez eSkills

Un jour, il m’est arrivé ça :

La personne à l’écran, c’est Christian Baumann, un formidable comédien avec qui nous travaillons souvent.

La personne dont il se moque, c’est moi. Je suis au volant.

La voiture… c’était la mienne.

Pourtant, je suis concepteur de modules eLearning. Je fais des jolis PowerPoints avec des quiz à la fin. En tout cas, c’est ce que pense ma compagne. Imaginez alors sa surprise (et sa mauvaise humeur) quand je suis rentré du boulot avec une belle facture et quelques bouts de la voiture…

Sa voiture en fait. 

Difficile de lui expliquer pourquoi je me suis retrouvé là, avec ces comédiens et cette équipe de tournage. Dans son référentiel, et peut-être dans le vôtre, tout ça n’a rien à voir avec le e-Learning.

Et pourtant…

DES HISTOIRES POUR APPRENDRE

« Mon papa, il fait des histoires avec un ordinateur pour que les gens apprennent des choses »

Ça, c’est ce que dit ma fille.

Est-ce que je l’ai forcée à apprendre cette phrase par cœur?

Oui.

C’est quand même plus classe que des PowerPoints. Et ce n’est pas complètement faux. 

Parce que chez eSkills, dès que le projet s’y prête, dès que ça a du sens, en fonction du contenu et de l’audience d’une formation, on aime construire nos modules autour de fictions. Des personnages et des histoires pour capter l’attention et favoriser l’apprentissage.

Et parfois, pour porter ces histoires à l’écran, nous travaillons avec des comédiens.

POURQUOI SE COMPLIQUER LA VIE?

« Quoi ?!? Des comédiens ?!? Pour du e-Learning ?!? N’importe quoi… »

On l’a entendu. On l’entend de moins en moins. Heureusement.

Parce que la collaboration avec des comédiens offre des perspectives pédagogiques incroyables. Pour les concepteurs et les apprenants.

Quelques exemples :

Incarner

Pour guider l’audience tout au long d’un module, rien de tel qu’un M. ou une Mme Loyal.

Un personnage qui s’adresse aux participants, qui les oriente ou qui les représente. Un point de repère qui peut aussi faire le lien entre les intervenants et questionne les experts comme l’auraient fait les apprenants.

Rien de révolutionnaire. La technique est utilisée depuis bien longtemps dans les reportages et les documentaires. Dans une formation, c’est l’occasion de proposer une expérience cohérente, rythmée et incarnée.

Un exemple avec (encore) Christian Baumann et (encore) une voiture.

Projet : En route vers l’électrique – République et Canton de Neuchâtel

Toucher

Il nous arrive parfois de travailler sur des sujets délicats et sensibles. Des sujets pour lesquels l’apprentissage passe forcément par la mise en situation et peut-être même par l’émotion.

C’est le cas pour la prévention des différentes formes de harcèlement. Pour comprendre le ressenti d’une personne visée et savoir comment réagir en tant que témoin, il faut être confronté à une situation réelle. 

C’est l’angle que nous avons choisi dans la formation « Vous n’êtes pas seul.e » produite pour l’EPFL.

L’audience participe en tant que témoin à des scènes inspirées de fait réels, choisit une option de réaction et observe les conséquences.

La collaboration avec des comédiens professionnels tombe sous le sens pour ce projet car la crédibilité des scènes repose sur l’écriture et la finesse de leur interprétation. 

Nina Cachelin joue le rôle d’une étudiante et raconte à la caméra une situation de harcèlement sexuel.

Projet : Vous n’êtes pas seul·e – EPFL

« Et la voiture alors ?!? »

On y arrive.

Captiver

Un des enjeux de la formation en ligne reste la motivation des apprenants. Parce qu’il en faut pour s’asseoir seul devant un ordinateur et apprendre. Et pour répondre à ce défi, la base c’est le contenu.

On est bien d’accord. Proposer des formations qui ont du sens. Evidemment. 

Mais sur la forme, pourquoi ne pas s’inspirer du web, des médias en ligne, des plateformes ?

Pourquoi ne pas créer des formats originaux pour susciter l’intérêt des apprenants?

C’est le pari que nous avons fait quand l’État de Genève nous a confié la création d’une formation à destination des entrepreneurs du canton au sujet de la responsabilité numérique. Sujet passionnant. Mais peut-être pas en première position dans la liste des urgences à traiter d’un chef d’entreprise.

Nous avions donc besoin d’un format pour aller chercher cette audience.

Il nous fallait une petite piqûre de curiosité pour leur donner envie de suivre le module.

Les « motiver » en somme. 

Voilà comment est née « Pilotes d’entreprise » : web série en 5 épisodes mettant en scène les aventures numériques de Paul et Lucie, deux entrepreneurs genevois.

La recette est plutôt simple : des personnages qui correspondent à l’audience, un peu d’humour, des messages clés et un format court qui nous permet d’introduire chaque thème de la formation. 

Et pour l’épisode 2, il nous fallait une voiture alors… bref, vous connaissez la suite.

Mais regardez le résultat, ça valait bien un peu de tôle froissée non?

D’ailleurs, la formation est accessible ici :

Mon entreprise responsable – Etat de Genève

Jetez un œil et vous pourrez voir comment on utilise Paul et Lucie en dehors de la série, dans les activités du module et le motion design « 2 minutes pour comprendre ».

CONCLUSION

« Tous ces efforts ? Pour de l’interne ? Pour une formation ? »

On l’a entendu. On l’entend de moins en moins. Heureusement.

Parce qu’une formation mérite au moins autant de réflexion et d’intérêt qu’une communication externe.

Quand l’organisation s’adresse aux collaborateurs, aux humains qui la font vivre, c’est important. La moindre des choses est d’y mettre les formes.

Alors oui, on peut toujours rendre la formation obligatoire. Peu importe le contenu.

Mais est-ce que cela fonctionne vraiment ?

Ne serait-il pas moins anachronique et plus efficace de miser sur l’adhésion des participants et sur leur engagement ?

Dans cette perspective, une formation sur-mesure articulée autour de formats originaux réalisés avec des comédiens, c’est une marque de considération envoyée aux collaborateurs et un outil de communication interne puissant. 

Alors, si notre expérience peut servir à la communauté, voilà notre conseil : à fond pour les comédiens… et mollo sur l’accélérateur.

PS : On sort « cybercafés » en septembre. Une série de capsules sur la cybersécurité et la protection des données. Il y aura des comédiens et des cascades dedans. Un petit mail et on vous montre le prototype. 

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